Le jour s'était levé depuis peu, l'aube rose dissipait l'obscurité de la nuit et les rayons de soleil transperçaient les frondaisons tels des traits lumineux erratiques. Yrkanis était encore endormie, calme et silencieuse.
Niamh s'éveilla et étira langoureusement son corps, dévoilant ses formes de manière provocante. Elle se sentait détendue et la nuit avait été si délicieuse... à tout point de vue. Sa main tâtonna à ses côtés, cherchant avec envie le corps à moitié découvert du jeune noble matis. Elle effleura sa peau délicatement, une caresse de papillon, comme pour graver ce contact voluptueux sur le bout de ses doigts.
Avec un petit sourire attendri, elle détailla le jeune matis apaisé. Des traits fins, une bouche qui appelait les baisers les plus brûlants, une chevelure blonde désordonnée qui recouvrait ses épaules nues, une peau blanche et douce.
Mais plus que ceci, ce fut son regard si particulier qui la força à lui décocher un sourire tendre, maternel, quand elle le croisa. Un regard dense au couleur d'ambre mais dans lequel scintillait des éclats de tristesse.
Il s'était arrêté, l'avait regardé, un autre sourire, encourageant cette fois, quelques mots. Puis il lui avait proposé de discuter tout en grignotant des mets délicats, accompagnés de nectars sucrés et gorgés de soleil.
La conversation avait été plaisante, le matis se révélant un hôte charmant. L'alcool aidant, le jeune homme révéla un esprit tourmenté, marqué par des blessures profondément enfouies. Un désir réciproque devenait manifeste et elle accepta quand il lui proposa de venir dans sa demeure, à sa plus grande surprise d'ailleurs.
Le discours de l'homin avait réveillé ses propres blessures et elle avait besoin qu'on s'occupe d'elle, d'une manière ou d'une autre. Lui aussi avait besoin de calmer la tension chagrine de son âme endolorie.
Niamh avait répondu à ses attentes, guidant son désir timide et maladroit, et il s'était montré un élève plein de talents, inventif et attentionné. Ils s'étaient aimés plusieurs fois, reprenant des forces avec les entremets et les boissons capiteuses que les serviteurs avaient déposés dans la chambre puis ils s'étaient endormis, leurs corps encore mêlés, repus de plaisir et enfin calmés.
L'homine passa quelques temps à l'observer, n'osant le réveiller, puis, presque à regret, quitta la douceur des fourrures de varinx pour s'habiller silencieusement, récupérant ses vêtements sur le sol de la chambre ainsi qu'une bourse remplie de dappers qu'il avait laissé à son attention.
Et puis cela l'arrangeait de partir plus tôt. Elle savait déjà qu'elle ne reverrait pas le jeune homin qui l'avait comblé cette nuit. Elle ne savait même pas son nom. Elle jeta un dernier regard tendre sur son amant d'une nuit puis s'éclipsa sans un bruit. Elle croisa dans les couloirs longs quelques serviteurs, qui gardèrent les yeux baissés à son passage.
Enfin elle finit par sortir. Elle fut saisie par la morsure du froid hivernal et son souffle se condensa en un petit nuage. Elle frissonna.
- « Hmmm la prochaine fois je demande une fourrure de varinx, bien chaude.... »
Niamh se dirigea vers l'étable. Ses maigres possession tenait tant bien que mal dans les fontes d'un mektoub. Elle se changea, ôtant sans aucune pudeur ses vêtements légers devant le palefrenier, pour enfiler une armure lourde de guerre et prendre une énorme hache à deux mains.
Le palefrenier la regardait encore quand elle s'éloigna, rêvant de la peau laiteuse et des formes entrevues.
Bientôt sa nouvelle famille allait se réveiller. Elle était un Ange maintenant et elle devait aussi penser à eux après avoir pensé à elle. Elle partit faire sa patrouille, voir si les bandits se tenaient bien tranquille dans leur coin. Cela la rendra plus forte.
Niamh s'enfonça dans la forêt.
- « Plus jamais seule.... je ne veux plus jamais être seule », murmura-t-elle alors que la silhouette s'éloignait.